- EAN13
- 9782251914107
- Éditeur
- Les Belles Lettres
- Date de publication
- 08/03/2021
- Collection
- Études Anciennes
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Le Tombeau de Cynthia
Mythes, fictions et ironie dans le livre IV des Élégies de Properce
Matthieu Gazeau
Les Belles Lettres
Études Anciennes
Autre version disponible
Cynthia prima fuit, Cynthia finis erit : Cynthia fut la première, Cynthia sera
la dernière. Dans son quatrième et dernier recueil, Properce réalise sa
promesse : il inscrit le tombeau de son unique amante au cœur d’une Rome
impériale transfigurée par l’élégie. L’adieu à l’amour, à la fin du livre III,
et le ralliement impromptu du poète à l’Empire ne sont que les pénultièmes
péripéties d’une aventure qui précèdent de peu l’apothéose de l’héroïne : dans
le livre IV, fallax opus, œuvre trompeuse, Properce subvertit le motif de
l’immortalisation par la poésie des héros guerriers au profit de sa maîtresse,
une femme légère comme le genre qu’elle incarne. « Plaisant paradoxe » selon
Paul Veyne, l’élégie est aussi l’écriture, mêlée de joie et d’inquiétude,
d’une audace nouvelle : l’esclavage amoureux libère la poésie qui devient
nécessairement personnelle et subjective. Si l’amour sine modo, l’amour sans
mesure, fou par fidélité, affidé par folie, ne se dit pas dans la transparence
d’une écriture sincère, il demeure le signifié d’une authentique déclaration :
celle d’un poète mauvais genre qui, contre toute la tradition, le pouvoir et
même la loi, réclame le droit d’aimer et de le dire. Il lui faut pour cela
développer un paradoxe, en même temps plaisant et sérieux : la recusatio de
l’épopée, refus dramatisé du genre noble et du chant patriotique, est, dans la
Rome d’Auguste, une épreuve digne d’un héros épique.
la dernière. Dans son quatrième et dernier recueil, Properce réalise sa
promesse : il inscrit le tombeau de son unique amante au cœur d’une Rome
impériale transfigurée par l’élégie. L’adieu à l’amour, à la fin du livre III,
et le ralliement impromptu du poète à l’Empire ne sont que les pénultièmes
péripéties d’une aventure qui précèdent de peu l’apothéose de l’héroïne : dans
le livre IV, fallax opus, œuvre trompeuse, Properce subvertit le motif de
l’immortalisation par la poésie des héros guerriers au profit de sa maîtresse,
une femme légère comme le genre qu’elle incarne. « Plaisant paradoxe » selon
Paul Veyne, l’élégie est aussi l’écriture, mêlée de joie et d’inquiétude,
d’une audace nouvelle : l’esclavage amoureux libère la poésie qui devient
nécessairement personnelle et subjective. Si l’amour sine modo, l’amour sans
mesure, fou par fidélité, affidé par folie, ne se dit pas dans la transparence
d’une écriture sincère, il demeure le signifié d’une authentique déclaration :
celle d’un poète mauvais genre qui, contre toute la tradition, le pouvoir et
même la loi, réclame le droit d’aimer et de le dire. Il lui faut pour cela
développer un paradoxe, en même temps plaisant et sérieux : la recusatio de
l’épopée, refus dramatisé du genre noble et du chant patriotique, est, dans la
Rome d’Auguste, une épreuve digne d’un héros épique.
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